Guillaume Hubert, UX Designer chez Ergonline
par Thierry H. le 3 octobre 2016
Web designer, web master, développeur front-end, community manager… nous savons tous plus ou moins ce que ces termes recouvrent. Mais UX designer ? De plus en plus recherché, cette enième spécialité de la toile reste encore mystérieuse pour beaucoup d’entre nous. Guillaume Hubert, un ancien stagiaire du Cepegra, nous invite à découvrir ce qui est devenu son métier…

L’UX design, pas sûr que Guillaume en ait entendu parler avant d’arriver au Cepegra. C’est qu’au départ, il avait choisi une voie plus classique et obtenu un bachelor en prépresse à l’HEAJ de Namur… tout en s’intéressant déjà un peu au web.
Je suis sorti d’Albert Jacquard en 2012, avec une certaine frustration de n’avoir pas pu me former davantage dans ce domaine, explique-t-il. J’ai ensuite décroché un contrat à durée déterminée pour ISS, une grosse boîte de services aux entreprises. Chez eux, je m’occupais de la signalétique, des offres publicitaires. Bien entendu, je cherchais en même temps un job plus stable… Mais la plupart des offres que je rencontrais concernaient des web designers. Comme les bases que je possédais dans ce domaine n’étaient pas suffisantes pour me sentir à la hauteur, je me suis inscrit au Cepegra, après avoir pris des infos sur le stand du centre lors du salon Objectif Com de Charleroi.
Finalement, c’est vers la formation de développeur front-end qu’il s’orientera, préférant compléter son bagage créatif par un apprentissage plus complet du code. J’avais des connaissances en HTML et CSS mais pas en développement. C’était donc une occasion parfaite pour voir comment cela fonctionnait, raconte Guillaume. Je me suis vite rendu compte que coder, ce ne serait jamais vraiment mon truc. Mais cette expérience m’a donné une bonne compréhension des coulisses du web et cela me permet aujourd’hui de discuter avec les développeurs et de partager un langage commun avec eux.
Vision d’ensemble, exercices concrets et expérience pratique étaient à ses yeux les points forts de la formation. De même que les deux stages en enteprises. J’étais peut-être naïf, mais je pensais que toutes les agences faisaient un peu la même chose et travaillaient de la même façon. En découvrant deux sociétés différentes lors des stages, j’ai compris qu’elles pouvaient avoir des approches et des créneaux distincts. C’est à ce moment-là que je me suis dit que je voulais vraiment travailler dans une agence qui privilégiait la qualité. Et c’est pour cela que je me suis plus particulièrement intéressé à l’expérience utilisateur.
Quand les tests et les enquêtes s’allient à l’intuition
Depuis deux ans, Guillaume s’y consacre entièrement au sein d’une petite société du Brabant wallon, Ergonline. Pendant la formation front-end, nos formateurs nous avaient incités à participer à une conférence organisée par la Feweb et j’y ai rencontré Raphaël, le patron d’Ergonline. Il m’a dit qu’il cherchait à embaucher un web designer. Comme l’optique de l’agence, c’est la recherche de la qualité plus que la production en série, cela m’a tout de suite attiré. J’ai été embauché dès la fin de ma formation en 2014, d’abord via Smart puis en CDD et finalement en CDI !
Installée sur l’Axis Parc de Mont-Saint-Guibert, aux portes de Louvain-la-Neuve, Ergonline partage un espace de coworking (Rue du Web) avec d’autres jeunes pousses du secteur, chacune spécialisée dans un domaine particulier. Son créneau ? Se centrer sur les utilisateurs finaux. Peu importe la méthode utilisée – tests, enquêtes, interviews, analytics –, le but reste d’améliorer l’expérience utilisateur, en lien avec les objectifs de l’entreprise cliente.

Les livres qu’on y trouve parlent de psycho ou de méthodologie de recherche.
Idéalement, le travail d’Ergonline débute le plus tôt possible, par une phase de recherche qui s’appuie sur des méthodes finalement assez proches de celles de la sociologie ou de la psycho. Il se poursuit par une phase de conception qui peut aller jusqu’au design graphique. Intégration (HTML et CSS) et développement (programmation PHP, Javascript, etc.) sont ensuite pris en charge par d’autres, sur base de ce que l’agence néo-louvaniste aura défini. Ergonline revient dans la course une fois le site en ligne, afin d’en analyser les résultats et de corriger le tir si nécessaire.
On n’est pas un point sur une timeline. Notre volonté, c’est vraiment d’accompagner le projet du client depuis le début et d’en assurer le suivi pour que les éventuelles évolutions et mises à jour soient faites de manière optimale, précise Guillaume.
Pour y parvenir, les membres de la petite équipe d’Ergonline restent polyvalents, même si Guillaume se focalise sur les tests utilisateurs alors que sa collègue Mylène, par exemple, se concentre davantage sur les analytics. De quoi mener à bien un projet dans son ensemble en ayant malgré tout sous la main des compétences pointues dans un domaine précis, quand le besoin s’en fait sentir.
Côté client, la société s’occupe volontiers de PMEs mais l’essentiel de son activité provient d’acteurs plus importants pour qui l’UX design est d’ores-et-déjà une préoccupation majeure. Mobistar, Hello Bank, Seat ou Skoda ont ainsi eu recours aux services de Guillaume ou de ses collègues.
L’UX designer, humble et objectif ?
Il nous arrive de redesigner des sites vitrines mais le plus souvent, on intervient sur des projets très spécifiques, explique-t-il. Pour Seat et Skoda, il s’agissait de concevoir le processus de réservation d’essai de voiture, de prise de rendez-vous et de commande de documentation. Bien entendu, on bosse aussi sur des sites applicatifs, des interfaces tactiles, etc. On ne se spécialise pas dans un style de site en particulier.
Quant aux qualités nécessaires pour briller dans cette spécialité, elles diffèrent un peu de celles du web designer…
La première qualité, c’est d’avoir de l’empathie pour les utilisateurs. Comprendre qui ils sont et pourquoi ils font ce qu’ils font, explique-t-il. Ensuite, il faut pouvoir se remettre en question. On a tous des a priori sur le problème qu’on traite. L’UX designer doit être capable de faire abstraction de son propre avis et de vérifier la validité d’une solution avec le public cible. Trop souvent, dans les boulots créatifs, on se contente de confronter des avis. Avec l’approche UX, on objective les choses, on se base sur des faits et des chiffres et, grâce à cela, on parvient à convaincre les intervenants.

L’UX designer serait le scientifique du web design ? Sans doute un peu. Mais concevoir l’expérience que vivra le visiteur d’un site passe inévitablement par la définition de son interface. Pas facile, dans ces conditions, de tracer des limites bien nettes entre UX et UI…