Prendre le chemin de l’accessibilité numérique
par Michèle Vos le 26 décembre 2016
Le concept d’accessibilité n’est pas facile à saisir, pour beaucoup cela se résume à une rampe d’accès aux bâtiments publics ou à une place de stationnement réservée. Il est important de se pencher enfin sur son application dans nos communications en ligne.
L’accessibilité, parent pauvre du web
Lorsque je parle d’accessibilité dans mes cours, il y a souvent d’abord de l’étonnement : «Ah tiens, oui, les personnes qui vont utiliser mes interfaces pourraient peut-être être aveugles, ne pas avoir l’usage de leurs mains… je n’y avais pas pensé ! ». Mais voilà, au-delà de cette prise de conscience, je me rends compte que c’est vite oublié, et c’est là tout le problème avec l’accessibilité, ce n’est pas sexy, pas créatif et surtout, on a du mal à se sentir concerné.
Internet, espace d’exclusion ?
L’accessibilité numérique permet à tous, quelles que soient leurs aptitudes physiques ou mentales, leur matériel, leur langue, leur culture, d’utiliser, de consulter ou de créer des ressources numériques. Elle concerne tous les types de handicap : visuel, auditif, moteur, cognitif, technique. Plutôt que d’adapter des produits aux handicaps, l’accessibilité numérique privilégie la notion de conception universelle qui tend à réaliser des produits utilisables par tous. Cela ne concerne pas que les sites web, les documents en ligne, les publications numériques et les vidéos sont eux aussi concernés.
Le manque d’accessibilité à la communication en ligne éloigne une partie des usagers de l’information qui leur est nécessaire. Cette inaccessibilité renforce la dépendance de personnes qui devraient, au contraire, être en mesure d’attendre du web qu’il facilite leur autonomie. L’Europe reconnaît l’accessibilité numérique
comme une obligation citoyenne. En novembre 2016, elle adopte une nouvelle directive :
« La directive couvrira les sites web et les applications mobiles des organismes du secteur public, des administrations aux universités en passant par les tribunaux, les services de police, les hôpitaux publics et les bibliothèques. Elle les rendra accessibles à tous, et notamment aux personnes malvoyantes, malentendantes et souffrant de handicaps fonctionnels. »
Au Cepegra, nous cherchons à transmettre à nos stagiaires le sens du travail bien fait et, ça tombe bien, pour le webdesigner, accessibilité rime parfaitement avec qualité. Réaliser un site accessible c’est aussi se conformer aux standards, s’adapter à tout type d’écran et parler à l’oreille des moteurs de recherche. Afin d’assurer au mieux cette qualité, tous nos formateurs concernés vont suivre début 2017 une formation technique à ce sujet.
Une conférence pour comprendre et bien démarrer
J’ai rencontré Sophie Schuermans pour la première fois à Paris Web en 2014 puis lors d’une conférence organisée par la Feweb à Louvain-la-Neuve. Passionnée d’accessibilité, elle œuvre à sa reconnaissance chez AnySurfer, organisme national de labellisation en accessibilité.
Nous nous sommes revus à Paris web en octobre, l’accessibilité y était au cœur de nombreuses conférences et bien intégrée aux pratiques numériques. Notre constat est le même, il n’y a pas grand-chose qui va dans ce sens en Wallonie et c’est regrettable. Avec son aide, le Cepegra se propose de sensibiliser les acteurs du web et d’aider les services publics francophones dans cette démarche.
Le 16 mars au Cepegra, dès 14h00, nous donnons rendez-vous à tous les intéressés, mais plus particulièrement aux équipes des services publics chargés d’appliquer cette nouvelle directive.
Lors de cette conférence, nous aborderons bien sûr les enjeux de l’accessibilité mais c’est surtout par l’exemple, au travers du regard d’utilisateurs concernés que l’on comprendra son impact. Nous verrons comment éviter de créer des obstacles et apporter des solutions (souvent simples).
La directive européenne sera aussi abordée pour bien comprendre ce qu’elle impose et dans quels délais. Des pistes seront tracées pour commencer à introduire
l’accessibilité dans le travail des équipes concernées.
Un temps sera consacré à vos avis et questions et nous chercherons ensemble le meilleur moyen de vous assister dans vos démarches : formations, ateliers…
Nous espérons vous y voir nombreux et prouver ainsi que l’accessibilité est importante pour tous.
Intervenante : Sophie Schuermans, responsable chez AnySurfer des activités en Belgique francophone : suivi des projets, formations, sensibilisations, audits et
consultance. AnySurfer est un projet national de Blindenzorg Licht en Liefde vzw (BLL), une organisation de prestation de services pour les personnes aveugles et malvoyantes en Flandres et à Bruxelles.
Programme de la conférence le 16 mars 2017 dès 14h00 au Cepegra
• Introduction à l’accessibilité numérique
Qu’est-ce que c’est (web, documents, vidéos, apps) ? Pour qui est-ce important ? Comment les personnes handicapées utilisent-elles un ordinateur ? Qui doit se charger de l’accessibilité dans une organisation ?
• Comprendre l’accessibilité à travers des exemples concrets
En regardant des sites web existants à travers les yeux de 9 utilisateurs (fictifs) différents, nous voyons comment ils utilisent leur ordinateur (sans souris, avec lecteur d’écran, sans son, avec zoom…), observons les difficultés rencontrées et voyons comment éviter de créer des obstacles. Pour chaque problème potentiel il y a une solution, très souvent simple.
• La directive Européenne : qu’est-ce qu’elle impose, à qui, dans quels délais ?
• Quelques pistes pour commencer à introduire l’accessibilité dans votre manière de travailler et améliorer progressivement vos sites web et applications.
• Questions/réponses.
Inscription sur : https://accessibilite.eventbrite.com