Dessin vectoriel, traitement d’image et plus si Affinity…
par Thierry H. le 10 mai 2016
Prétendre qu’Adobe est sans rival serait exagéré. Mais jusqu’à présent, aucun challenger n’est parvenu à mettre en péril son écrasante domination. Cantonnés à des marchés de niches ou définitivement relégués hors du monde professionnel, ceux qui s’y sont risqués n’ont obtenu qu’un succès d’estime. Avec un positionnement généraliste et l’ambition de convaincre les graphistes et les entreprises, Affinity relève le défi… et ne part pas battu d’avance.

Fondée en 1982 par John Warnock et Charles Geschke, deux anciens de Xerox PARC, Adobe a littéralement donné naissance à la publication assistée par ordinateur. Avec le langage PostScript, elle en a jeté les bases, avant de créer les outils qui l’ont rendue possible : les polices Type 1 (1984), Illustrator (1987), Photoshop (1990), Acrobat (1993), PageMaker (grâce au rachat d’Aldus en 1994) et enfin InDesign (1999).
Il a suffit de quelques années à ce dernier pour détrôner Quark Xpress, incapable d’évoluer et handicapé par des tarifs dissuasifs, et permettre à Adobe de régner sans partage.
Vaisseau amiral de la flotte, Photoshop est quasiment devenu un nom commun, y compris pour les profanes. Et presqu’aucun professionnel ne peut s’en passer… Un temps considéré comme un adversaire potentiel, The Gimp n’a pu s’imposer malgré les avantages de l’open source. D’autres, comme Pixelmator, se sont contentés de répondre aux attentes plus limitées d’un public d’amateurs.
Le constat est le même pour le dessin vectoriel. Face à Sketch, qui a su rallier à sa cause certains web designers, ou à Inkscape, gratuit et open source, le champion d’Adobe a conservé sa suprématie. C’est que, pour se montrer vraiment menaçants, ces adversaires restaient bien trop isolés.
Frapper là où ça fait mal…
Car de l’autre côté, Adobe s’appuie sur une gamme complète. Abandonner le camp Adobe signifie devoir se débrouiller avec des programmes venus d’horizons différents, ne partageant ni la même logique, ni la même interface. Un pas trop difficile à franchir pour beaucoup de pros…

Serif, la maison-mère d’Affinity, l’a bien compris. S’attaquer à un logiciel de la Creative Cloud s’avère hasardeux ? C’est une suite complète qu’il faut lancer ! Designer s’attaque à Illustrator en 2014, Affinity Photo prend pour cible Photoshop l’an dernier, en attendant l’arrivée d’un concurrent d’InDesign pour 2016. Et l’éditeur anglais y ajoute un argument de poids : le prix.
En affichant ses produits à moins de 50 euros pièce, Serif a réussi à attirer l’attention de la communauté créative et à atteindre Adobe là où ça fait mal : avec son virage vers un business model basé sur la location, le géant californien a quelque peu abîmé son image.
Car si ses tarifs restent acceptables (60 euros par mois TTC), l’abonnement mensuel donne aux clients fidèles l’impression d’être livrés pieds et poings liés à un fournisseur tout-puissant. Voir ce monopole de fait vaciller en réjouirait donc plus d’un… La gamme Affinity en sera-t-elle la cause ? Nous allons en tout cas essayer de vous donner quelques éléments de réponses en décortiquant Designer et Photo…