Creative Cloud 2015, entre vitesse et précipitation…
Il semble bien loin le temps où Adobe nous dévoilait, une fois tous les 18 mois, un véritable catalogue de nouveautés plus ou moins spectaculaires. Depuis l’avènement de la Creative Cloud et de son système d’abonnement, il n’est plus nécessaire d’impressionner le client pour le pousser à franchir le pas et à s’offrir la nouvelle version de Photoshop, Dreamweaver et consorts… À l’heure du paiement par mois, les améliorations nous arrivent au compte-gouttes, presque sans faire de bruit. Mais ce n’est pas une raison pour les ignorer !

Plus préoccupé par la disparition inopinée puis par la résurrection annoncée d’ADPS, l’utilisateur PAO lambda n’aura sans doute guère prêté attention aux autres annonces qui ont entouré la sortie de l’édition 2015 de la suite Adobe. Rien de renversant, diront les mauvaises langues. Ajouter de nouvelles fonctionnalités révolutionnaires à des logiciels qui ont, pour la plupart, franchi le cap du quart de siècle (dans le cas de Photoshop) devient en effet de plus en plus difficile.
Pourtant, quand on y regarde de plus près, il reste malgré tout quelques jolies trouvailles dissimulées dans les menus surchargés de nos logiciels familiers.
Bien sûr, une attention certaine a été apportée aux fonctionnalités communes aux différentes applications de la suite. Les bibliothèques CC, à présent accessibles à InDesign, permettent de stocker des illustrations, des styles (on peut d’ailleurs les ajouter à une librairie dès leur création dans InDesign, en cochant une simple case), des couleurs et des thèmes de couleurs (créées avec l’outil du même nom, par exemple) et conservent le lien vers l’élément d’origine, garantissant des mises à jour faciles.
Un grand gagnant, Photoshop
Sur le plan des applications, c’est sans doute Photoshop qui a été le plus gâté. Entre l’apparition de plans de travail multiples, une nouvelle interface simplifiée ou une amélioration des possibilités offertes par les styles de calques, notre logiciel de traitement d’images a subi un peu plus qu’un simple lifting.
Multipliez les plans de travail : suivant l’exemple d’Illustrator (depuis la CS4), Photoshop accepte à présent plusieurs plans de travail dans un même fichier. L’objectif principal est bien entendu de permettre de réaliser plus facilement différentes versions d’un projet, par exemple en portait et paysage ou à des tailles différentes.
Un nouvel outil est dédié à cette fonctionnalité mais c’est sans doute la boîte de dialogue Fichier > Nouveau… qui en constituera la porte d’entrée la plus habituelle. Dans Type de document, une option Plan de travail fait son apparition. Une fois choisie, elle donne accès à une liste de préréglages comme iPhone 6, Apple Watch…
Ensuite, il faut passer par l’outil Plan de travail (dans la palette des outils, au même endroit que l’outil Déplacement) pour pouvoir ajouter des plans supplémentaires. Ceux-ci apparaissent dans la palette Calques, un peu à la manière de groupes. Il suffit ensuite de les renommer pour plus de facilité.
Changer les dimensions d’un plan de travail se fera, une fois celui-ci sélectionné dans la palette des calques, en passant par Fenêtres > Propriétés. Par contre, il sera plus simple de passer d’un format portrait à une orientation paysage en utilisant les réglages qui apparaissent dans la barre d’options quand l’outil Plan de travail est actif.
Exportez objet par objet : disposer de plusieurs plans de travail, c’est bien, pouvoir les exporter facilement, c’est mieux. Avec CC 2015, il devient possible d’exporter directement toute une série d’objets. Un clic droit sur le nom de l’élément souhaité dans la palette des calques (il peut s’agir d’un groupe, un calque, un plan de travail, etc.) et le menu contextuel vous proposera de nouvelles options : Exportation rapide au format… ou Exporter sous… La première option est – légèrement – paramétrable via Préférences > Exporter… ou via Fichier > Exportation > Préférences d’exportation. Elle constitue un raccourci vers le type de format de sortie qui vous convient le mieux (png, gif, etc.).
La fonction d’export pour le web a d’ailleurs elle aussi subi quelques modifications. Enregistrer pour le web… a ainsi disparu du premier niveau du menu Fichier pour se retrouver dans le sous-menu Exporter…, affublé de la mention (hérité)… Elle a cependant conservé son raccourci clavier (Commande – Option – Maj. – S). Quant à la nouvelle version, elle ne convainc pas totalement : interface mal finie (faire compact ne devrait pas signifier manquer de place pour les traductions), paramétrages limités, etc. Son principal avantage est donc de gérer les plans de travail. Enregistrer pour le web… a encore de beaux jours devant elle…
Prévisualisez vos créations sur votre smartphone : On reste dans la création web ou assimilée avec la fonction suivante. Device preview (via le menu Fenêtres) est un nouvel outil qui permet d’envoyer une composition (ou un plan de travail) vers une tablette ou un smartphone afin d’y prévisualiser le résultat en temps réel. Il suffit, de l’autre côté, d’avoir installé l’application – gratuite – Adobe Preview CC et d’être connecté au même compte Creative Cloud.
Additionnez les effets : un calque peut désormais se voir appliquer plusieurs instances d’un effet. Deux contours ou trois ombres portées sont possibles. Et cela marche avec les contours, ombres internes ou portées, incrustation de dégradé ou de couleurs… mais pas avec les lueurs internes ou externes, ce qui aurait été plus utile.
Mais les effets se voient aussi dotés d’une nouvelle aptitude : il est possible de modifier leur ordre d’empilement directement dans la palette des calques ou en ouvrant la boîte de dialogue Style de calque.
Profitez du déplacement basé sur le contenu : vous vous souvenez de ce nouvel outil arrivé avec la Creative Cloud ? Il permettait de déplacer un élément sélectionné vers une nouvelle destination, de l’intégrer comme par magie dans son nouvel environnement tout en comblant le trou laissé à son point de départ. Avec CC 2015, il est à présent possible de redimensionner, faire pivoter ou mettre en miroir l’élément copié, avant de valider l’opération. Simple mais pratique !
Dans le même ordre d’idée, la fonction Photomerge (utilisée pour assembler des panoramas mais pas seulement) se voit, elle aussi, dotée d’une fonction « Content aware ». Les zones laissées vides par l’assemblage des différents clichés se remplissent toutes seules… dans la mesure du possible.

Corrigez sans altérer : en matière de corrections réversibles et non-destructives, on connaissait surtout les calques de réglages. Il existait pourtant une exception : la très utile fonction Tons foncés/Tons clairs pouvait être utilisée en tant que filtre dynamique… avec tous les avantages liés à ceux-ci.
Avec CC 2015, ce sont presque toutes les fonctionnalités du menu Image > Réglages qui deviennent accessibles de cette façon. Il suffira donc de convertir un calque en objet dynamique pour pouvoir ensuite lui appliquer un réglage qui sera modifiable à tout moment. Dans beaucoup de cas, cela fera double emploi avec les calques de réglages, mais pas toujours…
Floutez sans trop lisser : dans la boîte de dialogue Filtre > Galerie d’effets de flous, un nouvel onglet vient ajouter une option pratique appelée Bruit. On pourra donc compenser le lissage dû à l’application du flou et restaurer ainsi le grain original de la photo. De quoi rendre les « floutages » un peu moins artificiels.
Dévoilez vos photos de paysage : Correction du voile (Dehaze en version originale) est au départ un ajout à Camera Raw (version 9.1 au moins) mais on peut aussi en bénéficier dans Photoshop via Filtre > Filtre Camera Raw. Cette fonction s’efforce de redonner punch et profondeur à des images gâchées par un voile atmosphérique trop prononcé. Le résultat n’est pas mauvais mais un petit passage ultérieur par Tons foncés/Tons clairs ou par les courbes sera souvent nécessaire.