PSO épisode 4 : l’épreuvage écran

par Thierry H. le 17 octobre 2012

Difficile de juger les couleurs d’une création sur un moniteur vieux de 10 ans qui ne fait plus la différence entre un rouge et un orange. Dans le cadre de la démarche PSO, l’entreprise doit disposer d’au moins un moniteur calibré et régulièrement vérifié…

Le quatrième épisode de notre série PSO est dédié à l’épreuvage écran.
Après des épisodes consacrés à la documentation
et aux fichiers pré-presses, notre odyssée PSO
nous emmène à présent du côté de l’épreuvage écran.

Il en va de l’épreuvage comme de bien d’autres aspects de la certification : les normes à respecter sont plutôt strictes et le matériel utilisé doit être capable de les respecter. Ainsi, il n’y a parfois pas d’autre solution que d’acheter un nouvel écran. Et pas questions de viser le bas de gamme ! Pour réussir le test (et reproduire de manière fiable l’ensemble des couleurs possibles en quadrichromie), il vaut mieux faire confiance aux ténors du domaine : Eizo, NEC ou Quato, par exemple.

Au Cepegra, nous avons choisi un Eizo. Si l’investissement reste conséquent, les prix ont heureusement bien baissé ces dernières années. Pour calibrer et contrôler notre joujou, nous avons bien entendu recours à l’i1 (spectrocolorimètre de chez X-Rite) qui nous servira aussi pour l’épreuvage papier et la vérification des sorties.

Mais l’UGRA a développé sont propre petit outil logiciel – l’UDACT, pour UGRA Display Analysis and Certification Tool – qu’il faut aussi acquérir pour pouvoir certifier l’écran.

La procédure n’est pas très compliquée et il faut seulement décider de la fréquence à laquelle les contrôles seront effectués. En cas d’échec, le moniteur fautif sera bien entendu recalibré. La difficulté tient plutôt à la complexité de la norme et au fait que les informations disponibles sur internet sont confuses et même contradictoires… Heureusement, le manuel fourni avec l’UDACT offre pas mal d’explications et peut constituer une base solide.

Trois éléments devront être pris en compte : le moniteur, l’éclairage ambiant et le caisson lumineux qui permettra la comparaison entre documents imprimés et affichés.

La calibration du moniteur

Pour l’épreuvage écran (soft proofing), on se sert de la norme ISO 12646, elle même basée sur l’ISO 3664, plus ancienne et dédié aux conditions d’examen visuel dans les arts graphiques et en photo. Ici, le but sera de choisir des réglages qui rendront la comparaison possible entre l’affichage écran et la sortie imprimée.

Idéalement, on devrait respecter la norme D50. En pratique, l’UGRA considère que la plupart des écrans calibrés à 5000 K donnent un résultat beaucoup trop chaud (ils ne sont pas conçu pour cela). L’objectif, pour simuler un papier de type 1, sera plutôt fixé entre 5600 et 6000 K. Avec ce point blanc défini en dehors du D50, une adaptation chromatique sera nécessaire. C’est le logiciel de calibration qui s’en chargera. Pour la gradation, on choisira un gamma de 1.8 ou, idéalement, une gradation basée sur L* (la définition de la luminosité dans le modèle Lab).

La luminosité de l’écran devra être fixée aux alentours de 120 candela. De cette manière on pourra la rendre compatible avec le caisson lumineux.

Une fois ces points réglés, on créera un profil de l’écran. Lors de l’audit, le représentant de l’UGRA vérifiera à l’aide de l’UDACT que l’écran est bien capable de reproduire les couleurs de manière fiable. Le point blanc, le noir, la balance des gris, l’uniformité et le gamut seront évalués.

Le caisson lumineux

Côté température, pas de problème. Les caissons sont faits pour le D50 et on devrait donc atteindre les 5000 K sans problème. On a malgré tout droit à une tolérance de ± 250 K… Pour l’intensité, elle sera ici de 500 lux (± 125). La valeur cible est bien plus basse que pour le pupitre de contrôle de la presse offset mais il s’agit ici de permettre la comparaison avec une épreuve écran.

L’éclairage ambiant

En plus de ces deux éléments, il faudra bien sûr tenir compte de l’éclairage ambiant. On respectera bien entendu le 5000 K (on y arrive à l’aide de tubes relativement bon marché). Ici encore, la tolérance est de ± 250). Pour rester compatible avec nos autres réglages, l’intensité mesurée devra être comprise entre un quart et un huitième de celle de l’écran (ISO 12646) ou atteindre un maximum de 64 lux (ISO 3664). Pour nos 120 candela, on obtient entre 45 et 90 lux – la valeur en candela multipliée par Pi donne le résultat en lux, qu’on divisera par 4 ou 8 pour obtenir la fourchette acceptable.

Le reste du décor

Quant à la pièce utilisée, elle devra être peinte en gris neutre et ne pas présenter d’élément de couleur vive. Même règle pour le personnel : des vêtements neutres sont plus que souhaités ! Pas question non plus que le moniteur et le caisson soient placés près d’une fenêtre. Dans tous les cas, l’éclairage devra rester stable et contrôlé…

En résumé

  • Les normes : ISO 3664 et 12646
  • Les outils : moniteur de qualité (au moins un), spectrocolorimètre et logiciel de calibration, UDACT, caisson d’éclairage, éclairage contrôlé pour la pièce.

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